Ces termes m'ont longtemps exaspéré dans le sens où je trouve cette dénomination réductrice. Le film de ces personnes âgées tournant au ralenti dans les parcs chinois correspond à la diffusion des médias occidentaux friands d'exotisme et de new-age. Finalement, je dois avouer qu'il se cache une réalité moderne derrière ces images d'épinal. Même si restreindre le taiji à une gym douce montre notre incompréhension, la question de la santé nous intéresse tous. Or les cultures asiatiques proposent une riche variété d'approches holistiques basées sur la contemplation de la Nature. En effet, ces connaissances découlent de l'observation de personnes subtiles en contact avec l'ordre universel. Même si notre médecine occidentale grince des dents et refuse la validité de ces pratiques ancestrales, il ne nous est pas interdit d'en faire l'expérience.
Pourquoi le taiji serait-il bon pour nous ? Nos sociétés modernes encouragent la sédentarisation et donc un certain immobilisme. La vision chinoise indique que la vie s'apparente au mouvement et la mort à la cessation de ce dernier. Lorsque notre qi (énergie vitale) s'écoule librement, nous sommes en bonne santé. Cet état naturel se voit perturber par de nombreux facteurs extérieurs (accident, climat, épidémie) et intérieurs (stress, deuil, colère, ...).
Les exercices du taiji et notamment le travail de qi gong harmonisent la circulation énergétique. Le travail de relâchement (song) abaisse le stress musculaire en plus de favoriser les échanges plasmatiques. Le sang et le qi deviennent riches. L'étirement des articulations améliore la mobilité tout en tonifiant les tendons. La puissance motrice s'en trouve accrue. Par l'équilibre organique, le système parasympathique se régule et les défenses immunitaires se renforcent. De nombreux effets sont ainsi constatés.
En plus de ces aspects purement physiologiques, l'implication consciente dans la pratique mène le sujet à une pacification mentale. Le principal trouble de nos sociétés se tourne autour de l'attention, de la capacité à rester concentré. Un ensemble de facteurs psychiques conditionnent notre état. Nous nous trouvons alors dans l'incapacité d'apprendre, de mémoriser, de vivre et ressentir. La réalité se réintroduit dans notre quotidien par l'expérience du corps.
Lorsque la volonté guide le geste, nous nous projetons hors de notre puissance. En effet, toute pensée reconnue comme telle devient une observation extérieure du phénomène. Il s'établit une distance entre ce qui est et ce que nous croyons être. La force du taiji coïncide avec l'indivision corps-esprit. Le mouvement et la pensée ne se séparent pas. L'absence de rétrospective apporte la tranquillité du moment. Appréciation que nous avons perdue dans nos sociétés over-productives.