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Unité :

  La résistance constitue une réaction instinctive face au danger. La peur induit une volonté de fuite. Celle-ci cause une raideur. Je me fige alors dans un comportement. Par exemple, si je tombe en avant, je vais bloquer mes épaules et étendre mes bras pour éviter le choc. Ce geste aura pour conséquence de m'écraser la figure sur le sol. En effet, l'énergie cinétique portera un coup sur mes cervicales qui se relâcheront par réflexe protecteur faisant basculer la tête en avant. De même, les coudes pour ne pas casser vont se plier. Je vais ainsi subir une violence en essayant de l'éviter.

  L'ennemi n'est pas la peur mais le refus. Lorsque j'accepte la situation, je casse la chaîne de la résignation ou de l'évitement. Grâce à cette attitude, l'approche se dirige vers une adéquation à ce qui se présente. Ainsi, la reconnaissance d'un effet dual (moi-l'autre) s'effectue en harmonie avec tous ses possibles. Cette unité pose la relation fondamentale en taiji quan. Si je considère la force en présence sans la fuir, je peux agir. Même sous la contrainte, je me garde un espace de liberté, celui du coeur (shen).

  Ainsi, envisager ma propre faiblesse mène à la force d'être moi-même. En abandonnant la résistance, je m'ouvre une porte vers le contact au présent. Ce nouveau visage du monde m'offre la chance d'exister selon ce que je suis et non ce que je projette. En approfondissant cette notion d'unité, je m'aperçois que le seul moyen est de m'ouvrir. En accueillant tout, force et faiblesse, grandeur et petitesse, je dépasse ces contraires réunis. Les parties forment un espace transcendant.

  Dans l'exercice du taiji, la force est d'apprendre à ne pas lutter pour vaincre. S'appliquer au geste juste c'est respecter les principes naturels qui nous gouvernent. Il n'existe donc pas de puissance supérieure que cet ordre non-duel. Sans intellectualisation, la contrainte disparaît. Sans effort, le geste juste.

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