
Dans le sport on dit souvent : " no pain, no gain " qui peut se traduire par " pas de douleur, pas de bénéfice ". Ce dicton indique qu'il faut beaucoup d'efforts pour y arriver. L'interprétation tourne surtout autour de la douleur dans les exercices physiques. Plus la sensation est forte, plus on progresse. En taichi, nous envisageons une attitude différente. Nous investissons dans la perte et le moindre effort. Ceci ne signifie pas que la pratique est simple et confortable. En effet, les muscles brûlent souvent dans les postures. Mais nous essayons le geste juste, de manière relâchée.
Le plus gros effort à fournir réside autour du lâcher-prise. En général, nous essayons d'obtenir un résultat. Nos attentes nous mènent vers des tensions physiques et psychiques. Et si nous désirons vaincre le partenaire alors nous nous arrangeons pour résister. De là nous délaissons les principes fondamentaux que sont la structure et le relâchement, pour la lutte. Le résultat prime sur la qualité d'exécution. Hors à long terme, la pratique ne se trouve confortée que par son contenu. Si nous avons répété un mauvais mouvement, nous n'avons fait qu'encourager une habitude néfaste. Il s'agit donc d'insister sur la manière de bouger plutôt que de gagner.

L'exemple courant consiste à tenir absolument une position lorsque nous sommes déséquilibrés. Puisque le test parle d'enracinement, nous nous figeons souvent dans une position, quitte à balayer toute intégrité ou souplesse. Pourtant, seule la pratique juste permet d'obtenir la compréhension du taiji. Il n'y a donc d'objectif particulier à suivre. Pas besoin de se précipiter. Il faut garder à l'esprit l'intérêt de chaque exercice et nous appliquer à le réaliser au mieux selon les principes. Ainsi, nous surveillons constamment notre structure ainsi que notre relâchement. Progressivement, nous abandonnons tout comportement de résistance pour une fluidité externe et interne.
Le travail du partenaire est très important. C'est lui qui sollicite les résistances. Il doit à la fois tenir compte des capacités du pratiquant et également le pousser dans ses retranchements. L'échange nécessite une bonne perception du contact afin de déceler les déséquilibres. La patience permet à l'autre de se rectifier en souplesse. Puis doucement, la contrainte peut devenir plus forte, plus rapide, plus changeante. Le taiji quan apporte la compréhension mutuelle. Il ne s'agit pas d'un test de force comparatif. Le mouvement s'effectue à deux, jamais l'un contre l'autre. La difficulté se doit donc d'être progressive. Il vaut mieux travailler doucement au départ pour apprendre.
