La poussée des mains (tui shou)
L'exercice du tui shou consiste à entrer en contact avec le partenaire en effectuant un mouvement codifié sans perdre l'adhérence. Ce travail améliore la sensibilité notamment au niveau des avant-bras. Grâce à l'écoute (ting) et à la neutralisation des forces (hua), le taiji propose une approche non-duelle de l'opposition. En effet, les forces en présence d'attaque et de défense se complémentent de manière à ce qu'il n'y ait jamais confrontation. L'idée repose sur le principe de l'alternance du yin et du yang. A l'extrême, l'un se transforme en l'autre.
La poussée s'effectue à une ou deux mains ainsi qu'à pas fixe, pas mobile ou encore de manière libre. Cela se pratique comme un jeu stratégique dans lequel la force devient un obstacle. En effet, par le ressenti toute tension mise en valeur offre l'opportunité d'agir. Par exemple, si le partenaire me pousse, je cède (sui) en m'asseyant sur la jambe arrière, pivote pour laisser passer la force (hua) et l'amène en déséquilibre avant. Ce n'est donc pas compétitif à l'origine même si l'on trouve aujourd'hui des tournois de tui shou.
Les éléments de cette pratique réside autour de la capacité à comprendre (dong) le partenaire (dans ses geste et intention) et à le leurrer (yin) dans une situation où il ne maîtrise plus son propre mouvement. Lorsque la possibilité se présente, on émet la force (fa) de manière à projeter le partenaire. Ce passage pointe vers les possibilités martiales. Ainsi le tui shou prépare à la gestion d'une situation d'opposition. L'aspect de stabilité physique et psychique se trouve donc inclus.
Les quatre forces (jin) suivantes forment le core du contact : coller (nian) au partenaire, adhérer (zhan) à l'énergie intentionnelle de l'autre, céder (sui) sans opposition ni fuite, se connecter (lian) comme un seul homme. Grâce à cette compréhension, on trouve le dicton : je connais l'adversaire tandis qu'il ne me connaît pas. Cela signifie que quel que soit la situation, je m'adapte et emmène le mouvement sans que le partenaire ne sente ce qu'il se passe et puisse l'empêcher. Ainsi je neutralise les forces en présence (hua) et leurre (yin) l'autre.
Les étapes avancées du tui shou consistent à contrôler (nia) le partenaire et à le projeter (fa). Il existe une force en taiji appelée na jin qui immobilise l'autre. Elle induit une réaction neuro-musculaire de contraction qui fige le corps. D'autre part, par une mise en déséquilibre constante, le partenaire se trouve plus préoccupé à se rétablir debout qu'à lutter. Il devient alors aisé de projeter dans une direction ou une autre. Les différentes forces (jin) provenant du travail du song favorisent cette prise de contrôle et offrent de multiples actions.